Stellantis rassure : aucune fermeture d’usine en France dans les 3 prochaines années

Introduction

Le groupe Stellantis, né de la fusion entre PSA et Fiat Chrysler, a récemment annoncé une mesure qui apporte un véritable soulagement au monde industriel français : aucune fermeture d’usine n’est prévue en France au cours des trois prochaines années. Cette décision, qui survient dans un contexte de mutations profondes de l’industrie automobile, est perçue comme une garantie temporaire de stabilité sociale et économique, alors que des milliers de salariés craignaient pour leur avenir. La promesse de Stellantis, confirmée par son directeur général Carlos Tavares, rassure non seulement les employés et les syndicats, mais aussi les acteurs politiques et économiques qui redoutaient une hémorragie industrielle. « Nous nous engageons à préserver l’emploi et la production sur le territoire français dans cette période de transformation vers l’électrification », a déclaré Tavares lors d’une conférence de presse à Paris. Cette introduction pose le cadre d’une actualité porteuse d’espoir, même si beaucoup restent prudents quant à la suite, tant la filière automobile est bouleversée par les transitions technologiques et environnementales.

Contexte industriel et social : un climat tendu

Depuis plusieurs années, l’industrie automobile française vit une véritable révolution. Entre la montée en puissance des motorisations électriques, les normes environnementales de plus en plus drastiques et la compétitivité internationale exacerbée, les constructeurs sont contraints de revoir leurs modèles de production. Dans ce contexte, Stellantis se retrouve à la croisée des chemins : poursuivre sa transformation industrielle tout en maintenant des milliers d’emplois sur le territoire national. Les syndicats, quant à eux, restent vigilants. « Nous avons trop souvent vu des annonces se transformer en plans sociaux déguisés. Il faudra des garanties concrètes », alerte un représentant de la CGT du site de Sochaux. De fait, la filière automobile a déjà connu, ces dernières années, des fermetures d’usines qui ont traumatisé le tissu social local, comme à Aulnay-sous-Bois ou Flins. Le climat est donc encore empreint de suspicion, malgré les déclarations rassurantes de la direction. La France, qui se bat pour garder une industrie forte, place de grands espoirs dans la mutation électrique, mais reste consciente que celle-ci pourrait détruire plus d’emplois qu’elle n’en crée si elle n’est pas accompagnée d’investissements massifs dans la formation et la reconversion. Cette tension nourrit les doutes, même après les propos fermes de Stellantis.

Les enjeux de la transition vers l’électrique

La décision de Stellantis de maintenir ses usines ouvertes pendant trois ans ne peut être comprise sans mesurer l’ampleur de la révolution électrique en cours. À l’horizon 2035, l’Union européenne veut interdire la vente de véhicules thermiques neufs, ce qui pousse tous les constructeurs à adapter leurs chaînes de production. Cela suppose des investissements colossaux, mais également un bouleversement des compétences : un moteur électrique contient dix fois moins de pièces qu’un moteur thermique, ce qui change fondamentalement les besoins en main-d’œuvre. « La transformation vers l’électrique est aussi profonde que celle qui a vu disparaître la machine à vapeur », explique un économiste de l’automobile, interrogé par *Les Échos*. Stellantis, conscient de ce choc industriel, promet donc de conserver ses sites et de les adapter progressivement à la production électrique, notamment en reconvertissant des usines comme celle de Mulhouse ou de Rennes. Cette mutation est saluée par les pouvoirs publics, qui y voient une chance de relocaliser certaines productions stratégiques en France, à condition d’y associer une politique industrielle cohérente et ambitieuse. L’enjeu est de taille : ne pas laisser sur le bord de la route les milliers d’ouvriers et de techniciens qui ont contribué à la réussite de l’automobile française depuis des décennies.

Réactions des syndicats et des salariés

Au lendemain de l’annonce de Stellantis, les organisations syndicales ont exprimé un soulagement modéré. Dans les usines, les salariés oscillent entre confiance et méfiance. « Nous sommes contents d’entendre qu’il n’y aura pas de fermeture d’usine, mais nous voulons voir ce que cela va donner concrètement », a déclaré un salarié de l’usine Stellantis de Poissy. Les syndicats réclament dès maintenant des négociations sur l’avenir des métiers et la montée en compétence des salariés, craignant qu’une fois la période de trois ans écoulée, Stellantis ne relance des plans de restructuration massifs. « Il est important d’anticiper dès aujourd’hui les formations nécessaires pour accompagner la révolution électrique », insiste la CFDT. Dans certaines usines, les salariés espèrent également des investissements technologiques qui garantiront non seulement la pérennité du site mais aussi sa compétitivité face aux sites étrangers, notamment en Europe de l’Est. Cette attente de modernisation est au cœur des discussions sociales, preuve que la promesse de Stellantis, bien que rassurante, n’éteint pas totalement les inquiétudes sur le moyen et long terme.

L’engagement de l’État français

La politique industrielle française ne saurait être dissociée de la stratégie des grands groupes comme Stellantis. Ces derniers mois, le gouvernement a multiplié les plans de soutien pour favoriser la transition vers l’électrique, avec des primes à l’achat, des subventions pour l’installation de bornes de recharge, et surtout un accompagnement financier aux industriels. « Nous resterons aux côtés de nos usines, de nos ouvriers et de nos ingénieurs », a martelé le ministre de l’Économie Bruno Le Maire. Cette volonté de sauvegarder le tissu industriel national est motivée par une double exigence : écologique et sociale. En soutenant Stellantis et d’autres constructeurs, l’État cherche à sécuriser des milliers d’emplois tout en préparant la France à respecter ses engagements climatiques. Il n’empêche que la puissance publique attend aussi des contreparties : pas question d’injecter de l’argent public si des licenciements massifs sont annoncés dans quelques années. C’est tout l’enjeu des négociations entre l’État, les syndicats et Stellantis : trouver un équilibre durable pour transformer l’industrie sans briser la cohésion sociale. À terme, cette alliance public-privé sera déterminante pour le maintien d’une industrie automobile française compétitive.

Les perspectives pour les sites français

Concrètement, la promesse de Stellantis se traduit par le maintien en activité de plusieurs sites stratégiques : Mulhouse, Sochaux, Rennes, Hordain et Poissy continueront de produire des véhicules et devraient bénéficier d’investissements dans les prochaines années. La direction du groupe a indiqué vouloir « adapter chaque site aux nouveaux enjeux technologiques » en y implantant des lignes de production de véhicules électriques ou hybrides. « Il n’est pas question d’abandonner la France, au contraire nous voulons en faire un pilier de notre stratégie européenne », a réaffirmé Carlos Tavares. Ces annonces sont cruciales pour des bassins d’emploi où l’automobile est parfois la principale activité économique, avec des milliers de familles dépendantes des usines. Cependant, des incertitudes persistent : comment seront financés ces investissements ? Les fournisseurs et sous-traitants auront-ils eux aussi la capacité de se transformer ? Ces questions restent entières et conditionneront le succès ou l’échec de la stratégie Stellantis dans l’Hexagone. Mais en donnant de la visibilité pour trois ans, le constructeur offre au moins un répit pour construire l’avenir.

Conclusion

La décision de Stellantis de ne fermer aucune usine en France d’ici trois ans représente une respiration salutaire pour l’industrie automobile hexagonale. Dans un contexte où la transition écologique bouleverse tous les repères, cette annonce résonne comme un engagement fort en faveur du maintien de l’emploi industriel. Mais ce répit n’est pas une fin en soi : il doit servir à bâtir des solutions pérennes, notamment en matière de formation, de reconversion et d’investissements technologiques. Comme l’a parfaitement résumé un analyste du secteur : « Ces trois années ne sont pas un blanc-seing, elles sont une opportunité à saisir pour transformer la filière en profondeur. » À l’État, aux collectivités, aux syndicats et à Stellantis de coopérer pour que la promesse de 2025 ne soit pas suivie, ensuite, d’un plan social brutal. Le défi est immense, mais la dynamique enclenchée peut permettre à la France de rester un acteur automobile majeur, à condition de transformer la promesse en actes. Dans tous les cas, ce signal positif redonne un peu d’air à des milliers de familles françaises qui redoutaient un avenir sans usine et sans emploi.

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